Les décisions que nous prenons pour les autres sont plus créatives que celles que nous prenons pour nous mêmes. C’est l’objet d’une étude publiée dans « Personality and social psychology Bulletin » en février 2011, reprise et commentée dans le podcast n°48 de Chicago, Improv & Associates.
Cette étude s’appuie sur la théorie des niveaux conceptuels (CLT) qui dit que l’on conçoit ce qui est proche de nous en des termes spécifiques, alors que nous concevons ce qui est loin de nous en des termes plus abstraits. Donc si on veut être créatif, il est bon de mettre une certaine distance entre nous et le problème à résoudre.
Ces conclusions s’appuient sur principalement deux études:
Première étude:
Il a été demandé à deux groupes de personnes de dessiner des Extra-terrestres.
Cependant, le premier groupe avait pour consigne de dessiner des extra-terrestres pour une histoire dont ils seraient l’auteur. Le deuxième groupe avait pour consigne de dessiner des extra-terrestres pour illustrer une histoire écrite par un autre.
Il s’est avéré, que le deuxième groupe était beaucoup plus créatif. Le premier avait davantage tendance à dessiner des créatures faites de morceaux de créatures terrestres (trompe d’éléphant, queue de poisson, etc….).
Deuxième étude:
On demande à deux groupes de personnes de résoudre le problème suivant:
Comment un prisonnier d’une tour peut-il s’évader en coupant une corde qui est pourtant moitié moins longue que la hauteur de la tour? La solution étant que le prisonnier devra partager la corde en deux dans le sens de la longueur.
Cependant, il a été demandé aux membres du premier groupe de résoudre ce problème en imaginant qu’ils étaient le prisonnier, au deuxième groupe pour une autre personne qu’eux, prisonnière dans la tour. Il s’est avéré que 66% des membres du deuxième groupe ont trouvé la solution, contre seulement 48% des membres du premier groupe.
Cette étude vient donc bien appuyer les préceptes de Del Close (créateur du Harold) et Charna Halpern (IO à Chicago) qui poussent les comédiens à prendre soin de leur partenaires dans une scène:
« The best way to look good is to make your fellow players look good ».
« Le meilleur moyen de paraitre bon est de faire en sorte que vos co-joueurs aient l’air bons«
L’effet est donc double: d’une part on favorise le lien avec les autres acteurs (propice à la spontanéité) , d’autre part (et c’est ce que dit cette étude) on libère notre propre créativité. Pas la peine donc de se crisper avant un spectacle sur sa propre performance, vous arriveriez au résultat inverse.
Sources:
- Chicago Improv & Associates – Zenprov – Podcast 48
- « Decisions for Others Are More Creative Than Decisions for the Self » Polman, Emich
- Truth in comedy – Charna Halpern – Del Close.